S’abandonner aux changements

S'abandonner aux changements

La légende de Taliesin: la course poursuite. Par peur de ce que nous devenons, nous tentons de fuir notre destin. Mais il finit toujours par nous rattraper.

Combien de fois nous arrive-t-il de fuir par peur, de cacher notre apparence, ou de tenter de nous adapter pour éviter de faire face au changement? Il est très difficile de lâcher prise lorsque notre instinct de survie nous pousse à fuir, mais lorsque nous y parvenons, bien souvent nous réalisons que nos peurs étaient infondées.

La légende de Taliésin nous parle de la course poursuite de Gwion, essayant d’échapper à la fureur de la déesse Ceridwen, en profitant de ses nouvelles facultés de transformation pour parvenir à s’enfuir.

À travers ce troisième article au sujet de cette légende, voici ma compréhension de ce passage, à travers ce que j’ai vécu et ce qu’il évoque en moi. Peut-être avez-vous eu l’occasion d’expérimenté de telles situations. Une description détaillée complétée d’exemples concrets serait trop longue, en voici donc une approche générale, vous permettant d’en saisir l’essence.

La prise de conscience: point de départ d'une métamorphose irréversible

Comme évoqué dans mon article, « la formule magique de la métamorphose« , tout démarre lorsqu’un événement imprévisible nous mène à un changement soudain. En changeant notre regard sur notre vie ou le monde qui nous entoure, suite à une prise de conscience,nous ne pouvons plus ni être, ni agir, de la même manière. La prise de conscience change fondamentalement une chose: ce que nous savions mentalement jusqu’alors devient une évidence qui ne peut plus être niée. Notre façon d’être et d’agir est alors transformée car ce qui nous est révélé ne peut plus être ignoré.

Si la prise de conscience est immédiate, la métamorphose qui en découle nécessite du temps. Un temps de deuil de ce que nous avons été ou de notre façon d’agir, un temps d’intégration et d’acceptation de ce que nous devenons et de ce vers quoi nous nous dirigeons. Mais c’est également une période où nous nous trouvons face à nos peurs les plus terrifiantes peut-être. Les peurs liées aux repères qui tombent, à la mort de ce que nous étions, à l’inconnu de ce qui naît et se présente à nous.

La fuite pour tenter de survivre

Rien n’est plus déstabilisant, voir paniquant que de perdre ses repères. Par instinct de survie, il est alors naturel de se raccrocher à ce que nous connaissons, à nos anciens repères, étant donné que nous ne connaissons pas encore précisément ce qui s’annonce.

Quoi de plus terrifiant que de se laisser aller à cette forme de mort, s’abandonner totalement à cette transformation sans en connaître la suite? Dans ces instants, nous trouvant face à notre instinct de survie, rien n’est plus difficile que de laisser ses peurs de côté et lâcher-prise! Rien n’est plus naturel que de vouloir fuir pour survivre et éviter de faire face aux changements qui s’imposent, accepter cette forme de mort qui induit un changement radical et inévitable.

Au lieu de nous abandonner complètement au changement, nous essayons donc de composer notre vie avec cette prise de conscience, cette nouvelle manière d’être, en transformant ce que nous avons été, tentant de faire cohabiter l’ancien et le nouveau pour éviter la mort d’une part de nous-même. Nous tentons d’éviter que ce qui nous a défini jusqu’ici ne disparaisse totalement, mais autant le changement est inévitable, autant cette forme de mort est effrayante.

Apprendre à lâcher prise

Malgré toutes nos tentatives, le destin nous rattrape à chaque fois, jusqu’à ce qu’il devient évident que se cacher ne sert à rien. Vient alors le moment où nous nous laissons « dévorer » par lui, où nous nous y abandonnons totalement. Du moins c’est ainsi que nous le percevons, car dès lors que nous lâchons prise, que nous acceptons le changement quoi qu’il advienne, ce qui semblait terrifiant devient bienveillant, la partie la plus profonde de nous qui ne demandait qu’à émerger peut enfin commencer à se développer et s’exprimer pleinement.

Ainsi, comme l’évoque la légende, le monstre qui finit par nous dévorer se transforme en mère aimante. La colère perçue se métamorphose en amour, et ce destin si terrifiant devient bienveillant, le temps de la gestation de cette nouvelle façon d’être. En effet ce temps de retour à soi, de bienveillance, d’intégration est nécessaire. Quelque soient les changements aux quels nous devons faire face, une période de transition est indispensable.

Lorsqu’il est question de changements et de métamorphoses, notre nature humaine nous pousse à vouloir passer d’un état à un autre sans transition. (Il faut avouer que nous sommes impatients de nature.) Bien souvent nous ne prenons ni le temps de faire le deuil du passé, ni celui de se préparer à l’avenir, et cette période intermédiaire peut parfois nous sembler longue, face à notre impatience. Prendre conscience de l’importance des temps de transition, de s’accorder du temps, de se préparer dans la bienveillance est donc essentiel.

Se laisser bercer et porter vers notre destin

Le deuil de l’ancien étant fait, reste à savoir ce que le nouveau va nous apporter. Car vient un moment où nous nous sentons aligné avec ce que nous sommes devenu, sans savoir précisément pour autant vers quoi nous allons. Le sentiment de faire ce qui est juste nous habite et nous guide, pourtant il arrive que ceci entre en conflits avec notre logique ou notre raison… Mais nous sommes entraînés par quelque chose de plus fort qui ne peut pas être réprimé ni contrôlé.

C’est selon moi ce qui est imagé par le bébé enfermé dans son sac de cuir, bercé par les flots et les marées, qui l’emmènent vers son destin. Tout comme lui, nous ne pouvons rien faire si ce n’est être nous-même, lâcher prise et attendre que le moment soit venu où nous atteignons notre destination.

À titre personnel, je trouve que cette période de flottement est loin d’être évidente à vivre. Se laisser bercer par les courants du destins implique de ne pas se poser de questions et lui faire totalement confiance. Or le mental et la raison sont toujours là pour jouer les trouble fêtes. Ne serais-je pas sur un fleuve au cour tranquille se dirigeant vers des chutes mortelles? Ne suis-je pas en train de me laisser précipiter vers des abysses? Et pourtant… il ne peut pas en être autrement, et il est inutile de lutter, comme l’étape précédente nous l’a appris.

La rencontre de son destin

Après tant d’incertitudes, nous finissons par découvrir plus clairement qui nous sommes devenu, le sens de notre existence ou notre rôle dans ce monde. Il s’agit d’un moment de révélation où les choses deviennent claires, où il apparaît évident que notre destin nous mène à la bonne place.

Mais comme évoqué dans la légende, il ne s’agit encore que d’un nouveau-né qui doit encore grandir. C’est de cette dernière phase dont je vous parlerai dans mon article « se révéler au monde« , ainsi que du moment où nous sommes prêt à affirmer publiquement ce que nous sommes, et à rayonner pleinement.

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